Nous avons le plaisir d’inviter l’artist Théodore Melchior dans notre espace PB PROJECT pour sa première exposition « Open locks, whoever knocks ».
L’intrigue en restera peut-être là, une invitation suspendue à une farandole des personnages possibles qui, au moment de leur entrée en scène, auront droit à toutes les parures même les plus interlopes.
C’est ainsi que Théodore Melchior envisage la sculpture, l’ayant émancipée depuis quelques années de son simple rôle de décor pour des performances théâtrales, pour en faire progressivement des figures beaucoup plus proches de personnages à part entière. Quelque influence ou référence frappe à son univers, et elle devra prendre la forme déterminée pour y faire son incursion. Sous les ciseaux à bois de l’artiste se découpent une silhouette gothique, une effigie de guimauve, quelque chose des fantaisies de Brueghel, de la statue du Commandeur et de nos monuments aux Grands Hommes.
Quelle que soit l’extraction exacte des sculptures qu’il présente, elles ne sont pas venues pour parader seules.
Les socles sont là avec elles pour assurer les effets de manche, parodiant le musée ou tout lieu d’exposition comme un décor gentiment kitsch, rien de plus qu’un habillage scénique pompeux ou pompier qui pourrait tout aussi bien servir comme arrière plan de saynètes plus hétérodoxes.
S’approchant de l’abstraction pour pouvoir mieux s’en écarter le moment venu, Théodore Melchior crée des formes gourmandes et dansantes en bois, des formes à l’expressivité toute contenue, où les courbes onctueuses sont pondérées par des lignes sévèrement droites. La dureté du matériau transparaît, mais semble parfois se tendre comme une peau fine sur une épine dorsale, ou fondre dans un égouttement languide.
Un oriflamme en tissu résolument noir, deux pages à l’humeur symétrique dans lesquelles l’amour se livre comme une bataille ; l’ensemble confère au conciliabule des sculptures une charge dramatique, et singulièrement humaine. L’occasion de rappeler que l’héroïsme, fut-il de pacotille ou gonflé par les trompettes d’une nation, est toujours et avant tout une œuvre de fiction.
Texte de Marilou Thiébault, art critic
Théodore Melchior, né en 1990, vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l’ESAD de Reims en 2017 et officie dans le collectif Chevaline Corporation de 2014 à 2020.