« Pour la première fois, prendre racine n’était plus se retrouver coincé à un endroit, mais le sentiment de pouvoir s’installer simultanément dans de nombreux endroits à la fois, où qu’elle répande ses graines. »
— Duygu Demir
PARIS-B est heureuse d’accueillir l’artiste Gözde Ilkin pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie, intitulée « Invisible Bonds, Companion Roots », qui dévoile son dernier ensemble d’oeuvres.
Depuis quinze ans, Gözde Ilkin travaille avec des tissus trouvés qu’elle brode. À travers cette méthode artisanale, elle engage une réflexion autour de la mémoire et de l’histoire pour mieux déconstruire les notions de genre, de communauté et d’appartenance.
Dans ces séries, les figures humanoïdes de ses broderies s’étendent et se connectent, telles des racines charnelles ou des fibres tressées, dans un processus organique en devenir, plutôt que dans les notions ultra-capitalistes d’évolution et de progrès.
Cela se manifeste dans la superposition de ses dessins textiles, dans les motifs, dans les figures brodées qui se chevauchent, lorsque l’extrait végétal se diffuse ou encore lors de l’interaction entre les deux côtés du tissu.
« Au lieu de préserver, d’embellir ou de domestiquer les choses, les tissus utilisés par l’artiste se transforment en plans qui révèlent plutôt que de couvrir ; au lieu de cacher ce qui se trouve en dessous, ces surfaces attirent l’attention sur elles-mêmes. Elles fonctionnent comme des signifiants d’ouverture et de vulnérabilité. …
… Je pouvais sentir que les figures qui peuplaient ces tissus, reliées entre elles par des nœuds noueux de couleur chair à la place de têtes sans visage, étaient destinées à aborder des situations familiales et des configurations que nous connaissions trop bien, ou du moins que nous reconnaissions de loin. Dans ces œuvres maintenant familières d’İlkin, les tissus fonctionnent à la fois comme sujet et matériau : le travail de dentelle sur une taie d’oreiller, la broderie sur des rideaux faits main, les bords festonnés d’une nappe, le travail de couture sur une serviette deviennent porteurs de mémoire domestique lorsqu’ils sont transformés par İlkin »
— Duygu Demir
Ses dessins atteignent progressivement une dimension métaphorique, associant le corps humain à d’autres entités humaines et non humaines. Ses œuvres et sa pratique engagent une profonde réévaluation des valeurs, des croyances et des histoires personnelles grâce à un processus de création lent ainsi que par des collaborations, dont certaines avec sa mère.
En effet la notion de collectivité est importante chez l’artiste, de la fabrication des tissus à l’espace d’exposition où elle fait régulièrement intervenir des chorégraphes, des commissaires d’exposition et des danseurs.
La seconde exposition personnelle de Gözde Ilkin à PARIS-B appartient à la série Entrusted Grounds. Ce deuxième volet aura pour titre Invisible Bonds, Companion Roots, exprimant ainsi l’entrelacement socio-politique complexe d’un écosystème.
Entrusted Grounds invite ainsi le spectateur à considérer l’exposition comme une expérience immersive plutôt qu’une évaluation critique. Sa première itération à la galerie artSümer à Istanbul présentait des tissus brodés, des sculptures modulaires suspendues interactives, des performances et du son afin de créer un ‘paysage’ tridimensionnel. Il enrichissait un genre de l’histoire de l’art, le paysage, en utilisant les formes de terrain comme une approche de l’espace d’exposition. La grotte était le cadre de l’installation en tant qu’espace réel où les humains ont d’abord interagit avec le monde par le dessin, et en tant que métaphore.
La dune de sable devient le nouveau sujet pour aborder l’espace d’exposition. Cette puissante métaphore évoque les qualités nomades à la fois de la géologie et des concepts : une dune se déplace et est remodelée par le vent, les créatures qui y vivent et la qualité de son matériau, le sable, en font un puissant symbole du temps. Mais elle peut également être créée par notre présence sur terre ou notre interaction avec elle.
Comme lors de la première phase du projet à Istanbul, The Entrusted Ground, Gözde Ilkin présentera également ses magnifiques croquis qu’elle réalise à chaque installation.
« Lorsque les nœuds que nous formons avec des habitudes et des schémas figés sont brisés ; lorsque nous permettons des changements déconcertants de se produire, une vie inattendue peut se déployer. La solution peut parfois venir d’un moment et d’un endroit inconnus. »
— Gözde İlkin
BIOGRAPHIE
Gözde ĺlkin est née en 1981 à Kütahya (Turquie). Elle a étudié la peinture à la faculté des beaux-arts de l’Université Mimar Sinan et poursuit des études à l’Université Marmara d’Istanbul. Elle vit et travaille à Istanbul.