Les mots texte, textile et texture dérivent tous du verbe latin, et du titre de l’exposition, « TEXERE ». Signifiant tisser, tresser ou élaborer avec soin, c’est un mot englobant qui représente la matérialité et l’immatérialité tissées dans le maillage de l’oeuvre de Theis Wendt. «TEXERE» fait également allusion aux textures en bois qui se multiplient et se reflètent dans l’espace de la galerie.
Mettant en oeuvre un large éventail de matériaux à la fois organiques et synthétiques, le processus créatif de Theis Wendt combine la sculpture, l’installation et la post-photographie. À travers des photographies travaillées numériquement il explore l’image comme espace, surface et moyen de communication.
Confronté à un contexte de création dans une ère de post-vérité, inondée d’un flux constant d’informations, d’images générées par l’intelligence artificielle et de technologies Deepfake, Wendt joue avec les notions de véracité et d’authenticité. Comme l’avait déjà prédit Walter Benjamin en 1935 dans son ouvrage L’oeuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, les processus de reproduction digitaux affectent notre perception sensorielle de la matérialité physique et l’aura qui émane de ces images. La nature illusoire, recréée par des moyens numériques, devient une nature au second degré.
Cependant, les réalités virtuelles et les réalités tangibles coexistent dans l’univers de l’artiste. Ses oeuvres affirment que notre relation au monde et notre compréhension de la réalité ont été considérablement modifiées par un changement radical dans les outils avec lesquels nous y accédons. L’internet et les écrans n’ont pas fait qu’élargir nos horizons, ils ont déplacé le même axe à partir duquel nous les contemplons. Ainsi, dans l’abîme digital exacerbé par la technologie omniprésente, Theis Wendt expose une qualité plutôt romantique de la sublimité faite par l’homme.
C’est dans ces interstices que vivent les oeuvres de la série Void, signifiant le vide. Les figures de la fenêtre et du cadre sont des éléments picturaux récurrents dans les pièces de l’artiste. Les cadres dans Void semblent former des cubes en bois. Mais ces cubes en bois n’ont pas de fond, ou du moins pas de fond apparent. Ils se transforment donc en portails muraux nous transportant dans des réalités alternatives. Le vide évoqué par le titre est incarné par l’infinité du bois qui suggère également un au-delà mystérieux, sombre et séduisant. L’espace réel est élargi pour faire place au doute et à la spéculation mais aussi à la curiosité et le songe.
Né en 1981 à Copenhague, Theis Wendt est diplomé de l’Académie royale des beaux-arts du Danemark. Les oeuvres de Wendt ont fait l’objet de nombreuses expositions, y compris au San Diego Art Institute à San Diego ; à la Triennale de Sculpture Brandts à Odense et au Torrance Art Museum à Los Angeles.