PARIS-B est heureuse d’accueillir le duo d’artistes Xolo Cuintle dans son espace du PB Project à l’occasion de leur nouvelle exposition, Sequel to 1450° C.
Adepte des sculptures bétonnées, l’entité Xolo Cuintle formée par Valentin Vie Binet et Romy Texier s’attache à hybrider les références, les époques et les spatialités. A travers leur esthétique pétrifiée, où les formes semblent figées par le nuage de cendres d’un Vésuve, c’est un paysage étrange qui se déploie dans l’espace d’exposition ; le spectateur, face à cette nouvelle archéologie, ne saurait dire si elle tient de l’archaïque ou du post-apocalyptique.
Chez eux, tout part d’un script, d’un scénario, et celui-ci prend racines dans le lieu que le duo investi. Son utilité, ses particularités, leur permet de développer des résonances et de donner un point de départ à la narration. Dans l’espace du PB Project, une maquette de ce même lieu, telle une méta-galerie, entre en résonnance avec quatre bas-reliefs présentés lors de l’exposition 1450°C à Art-o-rama en 2023.
Semblables à des séquences ou des morceaux de story-board, leur vocabulaire de silos à grains, de champs et d’épis de maïs fait référence à plusieurs événements climatiques. Celui de la tempête qui a frappé le Sahara en 2022 et provoqué des nuages de sables rosés en Europe ; l’histoire du Dust Bowl, où lorsque dans les années 1930 les pouvoirs publics du mid west américain ont poussé les fermiers à surexploiter des terres avec de nouvelles méthodes industrielles et intensives, provoquant une catastrophe sociale et environnementale ; ou plus largement, à la vision de ces champs, jaunis et brulés lors de périodes de sécheresse et de chaleurs extrêmes.
La température de 1450°C est celle qui doit être atteinte pour former le clinker lors de la fabrication du ciment : un mélange finement broyé de calcaire, d’argile et de sable, soumi à l’effet de la chaleur puis brusquement refroidi ; elle correspond également à la somme de température auquel est exposé un plan de maïs avant d’arriver à maturation. Deux industries liées par un même champ lexical, celui de la meule et du silo, de la farine et de la poussière ; deux processus massifs, impactants et polluants. Xolo Cuintle questionne une nature en résilience et la possibilité de rupture des cycles, à l’opposé de ce chien couché dont la figure traverse le temps et les civilisations. Il s’agit alors de se demander ce qui survivra au temps.
Entre fertilité ou stérilité, fonctionnel ou simulacre, nature ou artifice, les oeuvres de Xolo Cuintle se déploient tel l’ébauche d’un scénario de fiction, comme autant de narrations possibles d’un monde enfermé dans une zone grise de tension.