L’exposition Revealing Disappearance dévoilera les toutes dernières réalisations de l’artiste chinois Liu Bolin, profondément engagé sur les questions environnementales.
Très tôt dans sa carrière, l’écologie devient un sujet majeur de sa production artistique. En 2011, il brave les eaux polluées du fleuve Jaune, situé dans l’une des régions les plus industrialisées de son pays. En 2015, il organise une performance collective au bord d’une grande forêt artificielle destinée à empêcher la propagation du désert de Gobi dans les Territoires de la Chine septentrionale. En 2016, il pose parmi des montagnes d’ordures dans un centre de collecte à Bangalore, en Inde. En juin 2017, l’artiste s’est rendu sur la Côte Atlantique Française pour réaliser deux nouvelles performances en collaboration avec Surfrider Foundation Europe. Son objectif: contribuer à alerter l’opinion publique sur la problématique des déchets aquatiques. L’ONG Surfrider mène des campagnes de sensibilisation et multiplie les actions contre la pollution causée par les déchets plastiques et oeuvre ainsi en faveur de la protection de l’océan.
Les photographies liées à sa plus récente intervention en France figureront dans l’exposition, à côté de ses précédentes performances réalisées en Chine et en Inde, où l’industrialisation fulgurante et la croissance vertigineuse de la population ont affecté les climats urbains, en particulier la qualité de l’air. Selon le rapport du State of Global Air 2017, en 2015, les deux pays ont connu environ 1,1 million de décès prématurés en raison de la pollution atmosphérique.
En même temps que son travail photographique, une installation in situ de la série VISA Portrait, composée d’une douzaine de filtres à air de voiture, sera également exposée à la galerie. La différence chromatique due au degré de pollution de ses composants attire immédiatement l’attention du spectateur. Une deuxième lecture révèle le portrait d’un inconnu. L’installation joue avec le concept d’individualité et la notion de cause à effet.
La vidéo de 28 minutes Winter Solstice (2016) sera également présentée au public pour la première fois à Paris. Sur les notes de Musical Erratum de Marcel Duchamp des danseurs camouflés luttent en disparaissant dans le smog de Pékin. Le titre fait référence à la date du 20 décembre, précédant de deux jours le solstice d’hiver, une festivité importante dans le calendrier chinois traditionnel. La chorégraphie s’inspire des mouvements que l’homme fait instinctivement avant de rendre son dernier souffle. Cet ensemble de travaux représente une réflexion sur les conséquences délétères des actions humaines sur notre propre habitat. Nous sommes désormais bien loin des principes taoïstes au cœur de la tradition chinoise, évoquant une relation harmonieuse et durable entre les humains et la nature.
Pour Liu Bolin, l’homme se développe en détruisant son propre environnement. Le prix qu’il doit payer pour la splendide civilisation est la perte de conscience de son appartenance au règne animal. En profitant du développement qu’il a accompli, l’homme est en train de creuser sa tombe par sa propre cupidité. Les gens exigent trop de la nature et de l’environnement. Nous réaliserons bientôt combien nous sommes minuscules. Notre désir domine notre comportement. Nous allons faire face à beaucoup de problèmes à l’avenir.
En disparaissant dans un décor hautement symbolique, Liu Bolin continue de dénoncer avec finesse certaines questions importantes de notre temps en questionnant la place de l’individu dans son propre environnement. Sa disparition stimule les spectateurs à la fois intellectuellement et émotionnellement, juste le temps pour eux de découvrir la silhouette cachée dans la photo. « J’espère que mes travaux seront un avertissement pour ma génération et pour les générations à venir ».
L’exposition se déroulera simultanément avec la rétrospective de l’artiste qui aura lieu à la Maison Européenne de la Photographie du 6 au 29 octobre. Cette première monographie institutionnelle de l’artiste en France couvrira dix ans de sa production artistique axée sur quatre thèmes principaux: la politique et la censure, la tradition et la culture chinoise, la société de consommation et la liberté de la presse.
Du 9 septembre au 8 janvier, Liu Bolin investira la Galerie des Enfants du Centre Pompidou dans le cadre de l’événement
Galerie Party pour célébrer le 40ème anniversaire du Musée. À cette occasion, il réalisera une performance publique en disparaissant devant une installation conçue par Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard du studio GGSV .
Liu Bolin est né à Binzhou (province de Shandong), en 1973, en Chine, et a étudié la sculpture à CAFA, Central Academy of Fine Arts , diplômé d’un MFA en 2001. Au cours de cette dernière décennie, son travail a été largement exposé dans de nombreux musées et institutions à travers le monde. Il vit et travaille à Pékin.