A contrario du premier volet qui se voulait résolument centré sur le rapport de l’artiste à l’espace, cette exposition très introspective s’articule autour de valeurs beaucoup plus personnelles liées à la mémoire et à une certaine volonté de Uysal de mettre en œuvre de manière stricto sensu ses premiers souvenirs et émotions d’enfant, voir d’adolescent, son rapport à l’appartenance, à la terre natale, à la maison familiale ou encore à la figure paternelle…
Dans l’exposition, Mehmet Ali Uysal, se tourne vers son passé et intègre ces souvenirs qui l’ont suivi jusqu’à présent à son univers personnel. Une inquiétude grandit dans son esprit comme un cauchemar ; si ces fragments de sa propre vie s’effaçaient? Le fil fragile qui relie la pensée au souvenir pousse l’artiste à faire des va et vient incessants sur ce fil pour éviter sa rupture et voir ses souvenirs fragiles disparaitre. Ou a-t-il vécu? Que s’est-il passé dans sa vie quand il était dans cette période de l’enfance quasi inconsciente?
Ainsi, après être retourné sur les lieux de son enfance, Mehmet Ali Uysal s’est attaché à recréer une série d’installations et d’objets directement issus de sa mémoire, de ses premiers émois, de ses premières sensations comme autant de fragments destinés à combattre l’oubli.
« Dans les maisons ou j’ai vécu durant mon enfance, j’ai gardé de nombreux souvenirs mais ce sont des souvenirs de plus en plus flous, tant du point de vue factuel que géographique… J’ai conscience que ma mémoire transforme les faits avec les années. Et même si l’existence même de ces souvenirs m’apporte une forme de confort, la perte de certains me causent une certaine anxiété. Avec l’âge, nous perdons des souvenirs et pas seulement les mauvais, les bons également et je crois qu’une part de nous doit à tout prix essayer d’empêcher cela… » déclare Uysal.
A travers cette série d’installations, nous le suivons donc dans ce parcours et ce questionnement : d’un groupe d’enfants, dans une petit village de Turquie, qui courent après les touristes pour obtenir quelques bonbons à ses premiers émois sexuels, de son premier bain de mer ou il faillit se noyer au choc visuel des moutons sacrifiés de l’Aid… C’est un cheminement sensible et poignant que nous livre l’artiste de ces moments qui l’ont construit, une histoire sincère et personnelle qui nous parle pourtant, pour nous appartenir à tous.
Mehmet Ali Uysal est connu pour ses installations monumentales qui interagissent avec l’environnement. Il aime à manipuler notre perception de l’espace. Ses sculptures ornent les espaces publics et les grands parcs de sculptures du monde entier en Turquie, en Belgique, en France, à Monaco, en Suède, aux Etats-Unis…
Son projet le plus récent Affinity a récemment été inauguré devant le Louvre Abu Dhabi par le Ministère de la Culture dans le cadre du Projet Special Olympics en 2019.