PBProject accueille la première exposition personnelle en France de Lucia Tallová, figure influente de la jeune scène artistique slovaque. Née en 1985, elle vit et travaille à Bratislava.
Le travail de Lucia Tallová se situe au croisement de divers media. Elle intervient sur des photographies et objets qu’elle retravaille, assemble et déploie dans l’espace. Les manipulations et les thèmes qu’elle aborde créent un nouveau lien à la fois matériel et poétique entre les éléments présentés.
Ses installations répondent à une méthodologie commune : objets, peintures, photographies anciennes, collages et albums sont minutieusement agencés sur un système d’étagères en bois. Loin d’être un simple support, ces structures déterminent chaque composition. Son protocole est rigoureusement appliqué à chaque intervention tout en répondant aux di érentes contraintes spatiales : des formes nouvelles naissent selon les caractéristiques du lieu.
Le spectateur est face à une archive ctive qui dévoile sur plusieurs plans des histoires imaginaires de personnes anonymes. À la manière d’un cabinet de curiosité, la juxtaposition d’éléments hétéroclites génère un véritable microcosme. Non destinés à être exploités ni assemblés, ces d’objets ou fragments d’œuvres qui sommeillaient dans l’atelier, sont réhabilités et investis d’un sens nouveau. Qu’il s’agisse de photographies, de cartes postales, de porcelaines, de pierres ou encore de meubles,
tous suggèrent une présence ou un évènement lié au passé de l’artiste. Vieilles images et histoires anciennes sont ainsi réécrites.
Ces bribes de souvenirs, manipulées et transformées, sont ensuite mises en lumière par des couches de motifs répétés : des larmes à l’encre noire, des particules de poussière et de fumée, des horizons presque effacés, des rubans ou des fleurs, symboles forts de féminité et nostalgie.
L’artiste exploite délibérément les défauts présents dans les photographies : images floues, erreurs de composition ou simplement l’impact du temps sur le papier. Ces anomalies sont accentuées par la peinture et le collage.
Son processus découle d’un besoin de capturer la routine quotidienne. Finalement, même la forme d’archive la plus absolue n’est rien de plus qu’un jugement personnel et une succession de moments choisis par l’auteur. Certains souvenirs méritent d’être archivés, d’autres peuvent être oubliés.