Né en 1987 à Montpellier
Vit et travaiile à Paris
FORMATION
2015/2017 : FRESNOY
2012/2014 : ENSBA Paris
2011/2012 : ENSBA Lyon
2009/2011 : ENSA Dijon
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2023
Verbatim, Galerie Binome, Paris, France
Mother’s Rooms, Studio Frank Horvat, Boulogne, France
2022
XXe siècle, Reuter Bausch Gallery, Luxembourg
Vues d’artiste, PARIS-B, Paris, France
2021
Sur le Motif, Festival Lieux-Mouvants, Lanrivain, France
A Room with a View, Tap Sea Gallery, Macao, Chine
2020
Parisian drawings, Aéroport de Paris-Orly, Paris, France
2019
Ranelaph, Collaboration with GwinZegal, Festival Lieux mouvants – Hameau de
Saint-Antoine, Lanrivain, France
Les chemises de mon père, CACN Centre d’Art Contemporain de Nîmes, Nîmes, France
17ème, Galerie PARIS-B, Paris, France
2018
En ville, Cloître Saint-Trophime, Rencontres d’Arles, France
Dame de cœur, PB PROJECT Galerie PARIS-B, Paris, France
2017
There Should Have Been Roses, Lianzhou Museum of Photography, Lianzhou, Chine
2016
Les discrètes, 71B, Paris, France
2015
Libraries, RVB Books, Paris, France
Tout se délitait en parties, Galerie du Crous, Paris, France
EXPOSITIONS COLLECTIVES
2021
A fleur de monde – à propos du toucher, Centre Photographique Rouen Normandie
Plantagories, Cité Internationale des arts, Paris
A exposer en cas d’urgence, endroit caché dans Paris
Upside down, DOC!, Paris
Les intermittences du cœur, exposition à quatre mains avec Fabrice Laroche, Galerie Binôme, Paris
2019
Nous qui désirons sans fin, Galerie Jeune Création, Komunuma, Romainville, France
Utopies, Le Studio Rouchon, Paris, France
Le facteur (temps) sonne toujours deux fois, Delta Studio, Roubaix, France
Translation et rotation, Art-O-Rama, Marseille, France
2018
63ème Salon de Montrouge, Le Beffroi, Montrouge
Dos au mur, 18 rue Larrey, Paris
Mutations, Gujral Foundation, Delhi, Inde
2017
Rêvez !, Collection Lambert, Avignon
Zadigacité, en duo avec Morgane Tschiember, Delta Studio, Roubaix
Surfaces sans cible, 22 Visconti, Paris
L’eau de vos yeux, douze architectures géniales, 11bis Elzévir, Paris
Roman (Panorama 19), Le Fresnoy, Tourcoing
Emulsions, Arnaud Deschin Galerie, Paris
Incarnations, Galerie Jean Collet, Vitry
Les yeux levés vers ces hauteurs qui semblaient vides, Le Cric, Nîmes
2016
Une inconnue d’avance, Villa Emerige, Paris
Ma samaritaine, Samaritaine, Paris
Panorama 18, Le Fresnoy, Tourcoing
L’échelle de la représentation, Immix Galerie, Paris
ICM, Icart, Paris
Art Up !, Grand Palais, Lille
2015
Supplices de l’instable, 24 rue Davoust, Pantin
Mulhouse 015, Biennale de Mulhouse, Mulhouse
Chers objets (2), Galerie Immanence, Paris
Chers objets (1), Refectoire des cordeliers, Paris
50 x 70, Espace Beaurepaire, Paris
Sélection du Prix HSBC pour la photographie, HSBC, Paris
Sélection du Prix Icart 2015, Espace Pierre Cardin, Paris
2014
Learning distances, 6b, Saint-Denis
Variation, Espace des Blancs-Manteaux, Paris
Cul, Espace Le Huit, Paris
2013
Hollywood Caillou, Galerie des Multiples, Paris
Projet Rue Gustave Goublier, Paris
5191, IESA, Paris
PUBLICATIONS
2020
CACHES, RRose Editions, Paris
2018
En ville, Editions du Trocadéro, Paris
2015
Scanners Frolics, Rrose Éditions, RVB Books, Paris
Libraries, RVB Books, Paris
RECOMPENSES
2022
Lauréat du prix Camera Clara
2021
Lauréat du prix Picto/Lab, Picto Foundation
2018
Lauréat du prix Moly-Sabata / Salon de Montrouge
2017
Lauréat du prix BMW pour la photographie
RESIDENCES
2021
Résidence Picto/Lab, Picto Foundation, Paris
2019/2020
Cité Internationale des Arts, Paris, France
2018
Moly-Sabata
2017
Flash France, Institut Culturel Français, New-Delhi, Inde
2016
Écritures de lumière, Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône
Baptiste Rabichon - Interview Anne Kerner et Baptiste Gyon pour Artvisions.fr
Résidence BMW Art & Culture à GOBELINS - Baptiste Rabichon, Lauréat 2017
LE NON DUPE ERRE
par Jean-Christophe Arcos
Texte extrait du dossier de presse de l’exposition personnelle Les Chemises de mon père au CACN, Centre d’Art Contemporain de Nîmes, 2019
Pour la dernière exposition du Centre d’art contemporain de Nîmes dans ses locaux actuels, Baptiste Rabichon dévoile une de ses recherches les plus intimes, puisant dans son histoire personnelle comme dans celle de Nîmes. Après avoir montré son travail en Inde et en Chine, à Arles, à Paris et à Roubaix, l’artiste revient dans la ville où il a ses attaches.
Il ne s’agit pas à proprement parler de souvenirs : Les Chemises de mon père ne renvoient pas uniquement à un passé lointain, à une évocation d’enfance ou à une réminiscence nostalgique – au contraire, les temporalités s’amalgament, les strates se surimposent les unes sur les autres, les matières et les techniques mixtes trament ensemble des images qui s’apparentent moins à un récit univoque qu’à la combinaison fusionnelle entre le motif, le médium et une réflexion intense sur leur alliance.
C’est qu’ici, dans ces Chemises, se rendent lisibles certains enjeux majeurs de la photographie contemporaine, tout autant que les emprunts et traces que Baptiste Rabichon doit à ceux qui l’ont précédé.
En plaçant une partie de ses sujets à proximité du papier photosensible ainsi mas- qué, il s’inscrit dans une lignée qu’on pourrait faire remonter aux anthotypes de Sir John Herschel ou aux natures mortes cyanotypes d’Anna Atkins (Baptiste Rabichon recourt régulièrement aux végétaux, comme dans ses séries Ranelagh, Natures mortes aux silhouettes ou, plus récemment, 17ème).
L’emploi du développement chromogène, qui fonctionne par l’oxydation succesive et conjointe d’une substance développatrice et d’un copulant qui la colore, témoigne d’une connaissance poussée de la chimie propre au développement de la photographie argentique, mais aussi d’un syncrétisme entre lâcher prise et contrôle du processus. Maîtrise technique et évolution aléatoire travaillent en- semble à faire l’image.
A cette première collaboration s’en ajoute une autre, qui taraude le contemporain: la part de la machine. L’emploi récurrent, mais sans exclusive, de la numérisation par scanner, Baptiste Rabichon l’envisage comme la possibilité de compléter son dispositif de représentation : l’œil de l’appareil discerne et restitue ce à quoi l’œil humain reste aveugle. Comme le Blow Up d’Antonioni l’avait synthétisé, rien ne lui échappe.
Est-ce pour l’humaniser, l’amoindrir ou simplement par jeu, les mécaniques de précision qu’utilise Baptiste Rabichon sont souvent altérées, bricolées, parasitées, tordues ; mutilées, poussées au bout de leurs capacités, elles finissent par abandonner toute retenue et livrent en des résultats inattendus : la tache, le glitch, la diffraction sont autant de marqueurs de phénomènes propres aux optiques actuelles qui permettent de tout rassembler sur le même plan, y compris l’acte de voir même.
Des plis pourtant referment par endroits un drapé dérobé à la vue ; des taches pourtant éclipsent des bouts de matière – c’est que la tache profane autant qu’elle protège : en maculant la peau de la photographie, elle donne accès à un second plan et permet d’appréhender la profondeur des couches et des statuts qui cohabitent dans l’image. Différents états de mise en visibilité s’y côtoient : le même tissu est scanné, photogrammé à distance, projeté… soulevant la complexité qui construit une image.
L’imagination ne suffit pas à faire image : entre le visionnaire et sa réalisation, une suite de gestes, de phénomènes, d’événements déroule une chronologie d’épreuves. Le résultat ne sera pas un triomphe sur l’adversité, mais un palimpseste marqué par l’altérité : s’il s’agit d’être «contre la machine», ainsi que le revendique Baptise Rabichon, c’est tout autant dans un acte de résistance que dans une proximité coopérative. L’association entre homme et machine se noue sans doute dans le rapport au code: alors que le premier cherche à entretenir un rapport authentique au réel, dispensé de la relativité et de la subjectivité du langage, le second ne s’active que selon une logique objective et préprogrammée. Entre clash et articulation, Baptiste Rabichon et ses appareils restituent ensemble une ambivalence fondamentale entre le lumineux et l’occulte. […]
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Baptiste Rabichon, Mother’s room
par Marguerite Pilven
Texte rédigé pour la présentation de la série « Mother’s room » au Prix Camera Clara, projet lauréat de l’édition 2023.
Les histoires érudites de la photographie nous font parfois oublier comment les artifices de l’image auxquels se sont adonnés avec une curiosité enfantine des pionniers de la photographie comme Hippolyte Bayard ou Georges Mélies ont dès le départ ouvert cette technique naissante aux jeux optiques, leur faisant parfois produire de véritables canulars visuels. Bien que minimale par la forme qu’elle prend, Mother’s Rooms, comme bien d’autres séries réalisées par Baptiste Rabichon, s’inscrit dans cet esprit d’expérimentation à la fois poétique, spéculatif et contemplatif.
L’artiste s’inspire ici d’une expérience commune à bien des enfants qui, allongés la tête en bas et les yeux fixés sur le plafond transforment celui-ci en sol d’un étrange espace dans lequel ils se propulsent mentalement ; un simple retournement visuel donnant ainsi accès à une autre dimension… À notre tour désorienté par ces compositions inhabituelles, nous décelons progressivement les indices de l’inversion perceptive à laquelle l’artiste nous confronte : ici une ampoule en lévitation, là un abat-jour transformé en couronne par le reflet d’un miroir ou en arbuste aux ampoules allumées rivalisant avec la lumière naturelle de fenêtres ouvrant sur un parc arboré. Les choses qui tombent se tiennent en suspension, les lustres s’érigent.
Cette expérience reposant sur une inversion haut/bas, suspend en réalité une partie des filtres à l’origine de notre « vision naturelle » : du monde qui se reflète d’abord à l’envers dans nos rétines et qui y est remis à l’endroit par notre cerveau, au miroir placé dans les appareils photo corrigeant l’image en la redressant vers le haut. Cette analogie, cognitive et technique, a conduit l’artiste a choisir la chambre photographique. Dépourvue de miroir correcteur, la chambre dont l’objectif a été tourné vers le plafond fait voir en temps réel ce qui s’y capte.
En matérialisant une vision d’enfance avec le premier appareil de l’histoire de la photographie, Baptiste Rabichon fait un retour sensible au lieu de l’image originelle, non encore corrigée par le filtre des médiations. La chambre nous reconduit à une enfance de l’image. Elle évoque aussi, par sa taille imposante, si encombrante en comparaison des petits outils connectés qui se glissent dans une poche ou un sac, cette autre chambre originelle où nous avons tous flotté, à l’envers, neuf mois durant.
Le contraste volontairement doux de ces images produit une atmosphère de rêverie et d’apesanteur qu’accentuent la grande dimension des tirages. L’étrangeté qui surgit au cœur du familier par cette simple inversion rappelle l’expérience du peintre Kandinsky qui, subjugué par un de ses tableaux posés à l’envers dans son atelier, un jour de l’année 1918, découvrait ainsi la puissance de l’abstraction.
Avec Mother’s rooms, les embrasures, cadres, moulures, angles de pièces passent soudain au premier plan, pliant étrangement la surface de l’œuvre. Ces chambres racontent aussi, comme elles déconstruisent par l’apparent désordre de leur vision inversée, ces multiples mises en abimes dont les peintres se sont si souvent délectés, explorant à travers les portes, les miroirs et les fenêtres les puissants effets des jeux illusionnistes à l’œuvre dans les espaces de la représentation.