Request more info about the artwork





    This site is protected by reCAPTCHA and the Google Privacy Policy and Terms of Service apply.

    BAPTISTE RABICHON

    Baptiste Rabichon portrait © Fabrice Laroche

    Baptiste Rabichon compose ses photographies tel un peintre. Une feuille de papier RC couleur est sa toile vierge, un territoire d’expérimentation pour ses procédés de composition, mêlant photographie analogique, images numériques et projections d’objets divers appartenant à son quotidien. C’est dans l’obscurité de la chambre noire qu’il rassemble ses souvenirs en bouleversant notre rapport à la photographie. Des fleurs cueillies quelques jours auparavant sont posées sur l’agrandisseur et mêlées à des clichés préexistants récoltés sur internet ou dans des magazines. Mais le caractère quasi scientifique de cette esthétique qui évoque les herbiers des botanistes du XIXème siècle est perturbé par la sensualité d’une mystérieuse silhouette féminine délicatement allongée.

    Né à Montpellier en 1987, Baptiste Rabichon vit et travaille à Paris. Après des études de viticulture et d’œnologie, il rentre à l’ENSA Dijon en 2009, à l’ENSBA Lyon en 2011 et à l’ENSBA Paris en 2012. En 2015 il intègre le Studio National des Arts Contemporains (Le Fresnoy) dont il sort diplômé en 2017 avec les félicitations du jury. Il est lauréat 2017 de la résidence BMW et expose au 63ème Salon de Montrouge en 2018. En 2021, il a gagné le Prix Picto Lab et le prix Camera Clara en 2022.

    Né en 1987 à Montpellier
    Vit et travaiile à Paris

    FORMATION

    2015/2017 : FRESNOY
    2012/2014 : ENSBA Paris
    2011/2012 : ENSBA Lyon
    2009/2011 : ENSA Dijon

    EXPOSITIONS PERSONNELLES

    2023
    Verbatim, Galerie Binome, Paris, France
    Mother’s Rooms, Studio Frank Horvat, Boulogne, France

    2022
    XXe siècle, Reuter Bausch Gallery, Luxembourg
    Vues d’artiste, PARIS-B, Paris, France

    2021
    Sur le Motif, Festival Lieux-Mouvants, Lanrivain, France
    A Room with a View, Tap Sea Gallery, Macao, Chine

    ​2020
    Parisian drawings, Aéroport de Paris-Orly, Paris, France

    2019
    Ranelaph, Collaboration with GwinZegal, Festival Lieux mouvants – Hameau de
    Saint-Antoine, Lanrivain, France
    Les chemises de mon père, CACN Centre d’Art Contemporain de Nîmes, Nîmes, France
    17ème, Galerie PARIS-B, Paris, France

    2018
    En ville, Cloître Saint-Trophime, Rencontres d’Arles, France
    Dame de cœur, PB PROJECT Galerie PARIS-B, Paris, France

    2017
    There Should Have Been Roses, Lianzhou Museum of Photography, Lianzhou, Chine

    2016
    Les discrètes, 71B, Paris, France

    2015
    Libraries, RVB Books, Paris, France
    Tout se délitait en parties, Galerie du Crous, Paris, France

    EXPOSITIONS COLLECTIVES

    2021
    A fleur de monde – à propos du toucher, Centre Photographique Rouen Normandie
    Plantagories, Cité Internationale des arts, Paris
    A exposer en cas d’urgence, endroit caché dans Paris
    Upside down, DOC!, Paris
    Les intermittences du cœur, exposition à quatre mains avec Fabrice Laroche, Galerie Binôme, Paris

    ​​2019
    Nous qui désirons sans fin, Galerie Jeune Création, Komunuma, Romainville, France
    Utopies, Le Studio Rouchon, Paris, France
    Le facteur (temps) sonne toujours deux fois, Delta Studio, Roubaix, France
    Translation et rotation, Art-O-Rama, Marseille, France

    2018
    63ème Salon de Montrouge, Le Beffroi, Montrouge
    Dos au mur, 18 rue Larrey, Paris
    Mutations, Gujral Foundation, Delhi, Inde

    2017
    Rêvez !, Collection Lambert, Avignon
    Zadigacité, en duo avec Morgane Tschiember, Delta Studio, Roubaix
    Surfaces sans cible, 22 Visconti, Paris
    L’eau de vos yeux, douze architectures géniales, 11bis Elzévir, Paris
    Roman (Panorama 19), Le Fresnoy, Tourcoing
    Emulsions, Arnaud Deschin Galerie, Paris
    Incarnations, Galerie Jean Collet, Vitry
    Les yeux levés vers ces hauteurs qui semblaient vides, Le Cric, Nîmes

    2016
    Une inconnue d’avance, Villa Emerige, Paris
    Ma samaritaine, Samaritaine, Paris
    Panorama 18, Le Fresnoy, Tourcoing
    L’échelle de la représentation, Immix Galerie, Paris
    ICM, Icart, Paris
    Art Up !, Grand Palais, Lille

    2015
    Supplices de l’instable, 24 rue Davoust, Pantin
    Mulhouse 015, Biennale de Mulhouse, Mulhouse
    Chers objets (2), Galerie Immanence, Paris
    Chers objets (1), Refectoire des cordeliers, Paris
    50 x 70, Espace Beaurepaire, Paris
    Sélection du Prix HSBC pour la photographie, HSBC, Paris
    Sélection du Prix Icart 2015, Espace Pierre Cardin, Paris

    2014
    Learning distances, 6b, Saint-Denis
    Variation, Espace des Blancs-Manteaux, Paris
    Cul, Espace Le Huit, Paris

    2013
    Hollywood Caillou, Galerie des Multiples, Paris
    Projet Rue Gustave Goublier, Paris
    5191, IESA, Paris

    PUBLICATIONS
    2020
    CACHES, RRose Editions, Paris

    2018
    En ville, Editions du Trocadéro, Paris

    2015
    Scanners Frolics, Rrose Éditions, RVB Books, Paris
    Libraries, RVB Books, Paris

    RECOMPENSES

    2022
    Lauréat du prix Camera Clara
    2021
    Lauréat du prix Picto/Lab, Picto Foundation
    ​2018
    Lauréat du prix Moly-Sabata / Salon de Montrouge
    2017
    Lauréat du prix BMW pour la photographie

    RESIDENCES
    2021
    Résidence Picto/Lab, Picto Foundation, Paris

    ​2019/2020
    Cité Internationale des Arts, Paris, France

    2018
    Moly-Sabata

    2017
    Flash France, Institut Culturel Français, New-Delhi, Inde

    2016
    Écritures de lumière, Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saône

    Baptiste Rabichon - Interview Anne Kerner et Baptiste Gyon pour Artvisions.fr

    Résidence BMW Art & Culture à GOBELINS - Baptiste Rabichon, Lauréat 2017

    LE NON DUPE ERRE

    par Jean-Christophe Arcos
    Texte extrait du dossier de presse de l’exposition personnelle Les Chemises de mon père au CACN, Centre d’Art Contemporain de Nîmes, 2019

    Pour la dernière exposition du Centre d’art contemporain de Nîmes dans ses locaux actuels, Baptiste Rabichon dévoile une de ses recherches les plus intimes, puisant dans son histoire personnelle comme dans celle de Nîmes. Après avoir montré son travail en Inde et en Chine, à Arles, à Paris et à Roubaix, l’artiste revient dans la ville où il a ses attaches.

    Il ne s’agit pas à proprement parler de souvenirs : Les Chemises de mon père ne renvoient pas uniquement à un passé lointain, à une évocation d’enfance ou à une réminiscence nostalgique – au contraire, les temporalités s’amalgament, les strates se surimposent les unes sur les autres, les matières et les techniques mixtes trament ensemble des images qui s’apparentent moins à un récit univoque qu’à la combinaison fusionnelle entre le motif, le médium et une réflexion intense sur leur alliance.

    C’est qu’ici, dans ces Chemises, se rendent lisibles certains enjeux majeurs de la photographie contemporaine, tout autant que les emprunts et traces que Baptiste Rabichon doit à ceux qui l’ont précédé.

    En plaçant une partie de ses sujets à proximité du papier photosensible ainsi mas- qué, il s’inscrit dans une lignée qu’on pourrait faire remonter aux anthotypes de Sir John Herschel ou aux natures mortes cyanotypes d’Anna Atkins (Baptiste Rabichon recourt régulièrement aux végétaux, comme dans ses séries Ranelagh, Natures mortes aux silhouettes ou, plus récemment, 17ème).

    L’emploi du développement chromogène, qui fonctionne par l’oxydation succesive et conjointe d’une substance développatrice et d’un copulant qui la colore, témoigne d’une connaissance poussée de la chimie propre au développement de la photographie argentique, mais aussi d’un syncrétisme entre lâcher prise et contrôle du processus. Maîtrise technique et évolution aléatoire travaillent en- semble à faire l’image.

    A cette première collaboration s’en ajoute une autre, qui taraude le contemporain: la part de la machine. L’emploi récurrent, mais sans exclusive, de la numérisation par scanner, Baptiste Rabichon l’envisage comme la possibilité de compléter son dispositif de représentation : l’œil de l’appareil discerne et restitue ce à quoi l’œil humain reste aveugle. Comme le Blow Up d’Antonioni l’avait synthétisé, rien ne lui échappe.

    Est-ce pour l’humaniser, l’amoindrir ou simplement par jeu, les mécaniques de précision qu’utilise Baptiste Rabichon sont souvent altérées, bricolées, parasitées, tordues ; mutilées, poussées au bout de leurs capacités, elles finissent par abandonner toute retenue et livrent en des résultats inattendus : la tache, le glitch, la diffraction sont autant de marqueurs de phénomènes propres aux optiques actuelles qui permettent de tout rassembler sur le même plan, y compris l’acte de voir même.

    Des plis pourtant referment par endroits un drapé dérobé à la vue ; des taches pourtant éclipsent des bouts de matière – c’est que la tache profane autant qu’elle protège : en maculant la peau de la photographie, elle donne accès à un second plan et permet d’appréhender la profondeur des couches et des statuts qui cohabitent dans l’image. Différents états de mise en visibilité s’y côtoient : le même tissu est scanné, photogrammé à distance, projeté… soulevant la complexité qui construit une image.

    L’imagination ne suffit pas à faire image : entre le visionnaire et sa réalisation, une suite de gestes, de phénomènes, d’événements déroule une chronologie d’épreuves. Le résultat ne sera pas un triomphe sur l’adversité, mais un palimpseste marqué par l’altérité : s’il s’agit d’être «contre la machine», ainsi que le revendique Baptise Rabichon, c’est tout autant dans un acte de résistance que dans une proximité coopérative. L’association entre homme et machine se noue sans doute dans le rapport au code: alors que le premier cherche à entretenir un rapport authentique au réel, dispensé de la relativité et de la subjectivité du langage, le second ne s’active que selon une logique objective et préprogrammée. Entre clash et articulation, Baptiste Rabichon et ses appareils restituent ensemble une ambivalence fondamentale entre le lumineux et l’occulte. […]

    _

    Nommé au Prix AICA de la Critique d’art en 2018, Jean-Christophe Arcos contribue à différentes publications (ArtPress, Quotidien de l’art, Point Contemporain) aussi bien qu’à des catalogues d’expositions dont il a ou non assumé le commissariat (Casa de Velazquez, édition Athom, Artorama…). Il a également donné des conférences et des workshops à la HGB Leipzig, à la Kunstakademie Karlsruhe, à la Fondation Vasarely, au Musée national des arts et métiers, à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Marseille ou de Lille, au Kunsthaus L6 de Freiburg, à l’Institut des beaux-arts de Sousse (Tunisie). Il a également pris part à différents programmes de recherche et de résidence (Institut culturel roumain, Institut français Berlin, FRAC Champagne-Ardenne et FRAC Dunkerque avec C-E-A/Association française des commissaires d’exposition…). — Tiré du site internet de Jean-Christophe ArcosNommé au Prix AICA de la Critique d’art en 2018, Jean-Christophe Arcos contribue à différentes publications (ArtPress, Quotidien de l’art, Point Contemporain) aussi bien qu’à des catalogues d’expositions dont il a ou non assumé le commissariat (Casa de Velazquez, édition Athom, Artorama…). Il a également donné des conférences et des workshops à la HGB Leipzig, à la Kunstakademie Karlsruhe, à la Fondation Vasarely, au Musée national des arts et métiers, à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Marseille ou de Lille, au Kunsthaus L6 de Freiburg, à l’Institut des beaux-arts de Sousse (Tunisie). Il a également pris part à différents programmes de recherche et de résidence (Institut culturel roumain, Institut français Berlin, FRAC Champagne-Ardenne et FRAC Dunkerque avec C-E-A/Association française des commissaires d’exposition…). — Tiré du site internet de Jean-Christophe Arcos

    Baptiste Rabichon, Mother’s room

    par Marguerite Pilven
    Texte rédigé pour la présentation de la série « Mother’s room » au Prix Camera Clara, projet lauréat de l’édition 2023.

    Les histoires érudites de la photographie nous font parfois oublier comment les artifices de l’image auxquels se sont adonnés avec une curiosité enfantine des pionniers de la photographie comme Hippolyte Bayard ou Georges Mélies ont dès le départ ouvert cette technique naissante aux jeux optiques, leur faisant parfois produire de véritables canulars visuels. Bien que minimale par la forme qu’elle prend, Mother’s Rooms, comme bien d’autres séries réalisées par Baptiste Rabichon, s’inscrit dans cet esprit d’expérimentation à la fois poétique, spéculatif et contemplatif.

    L’artiste s’inspire ici d’une expérience commune à bien des enfants qui, allongés la tête en bas et les yeux fixés sur le plafond transforment celui-ci en sol d’un étrange espace dans lequel ils se propulsent mentalement ; un simple retournement visuel donnant ainsi accès à une autre dimension… À notre tour désorienté par ces compositions inhabituelles, nous décelons progressivement les indices de l’inversion perceptive à laquelle l’artiste nous confronte : ici une ampoule en lévitation, là un abat-jour transformé en couronne par le reflet d’un miroir ou en arbuste aux ampoules allumées rivalisant avec la lumière naturelle de fenêtres ouvrant sur un parc arboré. Les choses qui tombent se tiennent en suspension, les lustres s’érigent.

    Cette expérience reposant sur une inversion haut/bas, suspend en réalité une partie des filtres à l’origine de notre « vision naturelle » : du monde qui se reflète d’abord à l’envers dans nos rétines et qui y est remis à l’endroit par notre cerveau, au miroir placé dans les appareils photo corrigeant l’image en la redressant vers le haut. Cette analogie, cognitive et technique, a conduit l’artiste a choisir la chambre photographique. Dépourvue de miroir correcteur, la chambre dont l’objectif a été tourné vers le plafond fait voir en temps réel ce qui s’y capte.

    En matérialisant une vision d’enfance avec le premier appareil de l’histoire de la photographie, Baptiste Rabichon fait un retour sensible au lieu de l’image originelle, non encore corrigée par le filtre des médiations. La chambre nous reconduit à une enfance de l’image. Elle évoque aussi, par sa taille imposante, si encombrante en comparaison des petits outils connectés qui se glissent dans une poche ou un sac, cette autre chambre originelle où nous avons tous flotté, à l’envers, neuf mois durant.

    Le contraste volontairement doux de ces images produit une atmosphère de rêverie et d’apesanteur qu’accentuent la grande dimension des tirages. L’étrangeté qui surgit au cœur du familier par cette simple inversion rappelle l’expérience du peintre Kandinsky qui, subjugué par un de ses tableaux posés à l’envers dans son atelier, un jour de l’année 1918, découvrait ainsi la puissance de l’abstraction.

    Avec Mother’s rooms, les embrasures, cadres, moulures, angles de pièces passent soudain au premier plan, pliant étrangement la surface de l’œuvre. Ces chambres racontent aussi, comme elles déconstruisent par l’apparent désordre de leur vision inversée, ces multiples mises en abimes dont les peintres se sont si souvent délectés, explorant à travers les portes, les miroirs et les fenêtres les puissants effets des jeux illusionnistes à l’œuvre dans les espaces de la représentation.

    Marguerite Pilven est critique d'art et commissaire d'exposition membre de l'AICA. Diplômée d’une Licence de philosophie à la Sorbonne (spécialisation Esthétique) et d’une Maîtrise en histoire de l’art portant sur Pierre Klossowski, Marguerite Pilven a organisé de nombreuses expositions personnelles et collective depuis 2011. Elle est actuellement directrice de L'ahah, une association qui soutient la création contemporaine.Marguerite Pilven est critique d'art et commissaire d'exposition membre de l'AICA. Diplômée d’une Licence de philosophie à la Sorbonne (spécialisation Esthétique) et d’une Maîtrise en histoire de l’art portant sur Pierre Klossowski, Marguerite Pilven a organisé de nombreuses expositions personnelles et collective depuis 2011. Elle est actuellement directrice de L'ahah, une association qui soutient la création contemporaine.