LÉA BELOOUSSOVITCH
Indispensables mais souvent ignorés, les matériaux utilisés par les artistes sont, pourtant, partie prenante de leurs œuvres. Dans le sillage des expérimentations modernes, des artistes contemporains s’ingénient à faire avec des matières singulières. Riches de significations, elles viennent au-devant de la représentation, la repensent, la complètent ou la remplacent parfois.
Les cinq volets de l’exposition proposent de multiples invitations à faire avec les images, les objets et les matières, mais également les symboles qui leur sont associés, tout en manifestant une sensibilité éloignée de toute résignation.
Que ce soit en rejouant l’héritage formel de la peinture ou en bouleversant notre perception des matériaux qui les constituent, les œuvres de l’exposition refocalisent notre regard à l’endroit de leur matérialité. En s’affranchissant des conventions et en composant avec le contenu historique ou politique de leurs matériaux elles nous encouragent à aller voir au-delà de l’image et concourent à la rendre tangible. Ainsi, l’exposition débute, non sans ambiguïté, avec des photographies et se clôture sur un écran, comme pour nous inviter à porter un regard vigilant sur la matérialité des images quand bien même celles-ci en semblent dépourvues.
En nous faisant renouer avec la matérialité des œuvres, l’exposition nous laisse l’envisager non comme un simple support qui s’efface derrière un discours ou une représentation, mais comme porteuse de sens. Elle entreprend ainsi de retenir notre regard en lui offrant la possibilité de voir par-delà l’aveuglement des images.
Le parcours de l’exposition se prolonge dans la nef de l’église de Brou, où Le Tissu de Lionel Sabatté, placé au-dessus du jubé, vient rejouer de manière sensible et fragile la frontière infime entre le sacré et le profane.
Dylan Caruso – Commissaire de l’exposition