Né au Liaoning, Chine en 1984
Vit et travaille à in Paris, France
EXPOSITIONS
2024
Figures, Start Museum, Shanghai, China
2023
Fu Site, MadeIn Gallery, Shanghai, China
2022
Jeux de Créatures, PARIS-B, Paris, France
2021
Fictions in fragment, Kylin Gallery, Los Angeles, États-Unis
2020
What you’ve missed, Galerie PARIS-B, Paris, France
2018
Fu Site: Forking Paths | GAWA (TCT and Co.x W. Ming), W. Ming Art, Shanghai, Chine
2017
Disruped Narrative, Galerie PARIS-B, Paris, France
De l’Est à Paris, Liu Haisu Museum, Shanghai, Chine
2015
State of mind – Painting China Now, Group show, Galerie PARIS-B, Paris, France
2014
Politicians, Solo Exhibition, Galerie PARIS-B, Paris, France
Don’t Look Back, Galerie PARIS-B, Brussels, Belgium
2013
Life, Death and Beauty, Parcours d’artistes-40 BAM (Musée des Beaux-Arts de Mons), Mons, Belgium
Parcours d’art contemporain de Carcassonne, Hotel de la cité médiévale, Carcassonne, France
Prix Art School, Espace Canson, 59 rue de Rivoli, Paris, France
OOZ , Galerie de l’Ecole Supérieure d’art du Nord-Pas de Calais, Tourcoing, France
La Chine s’expose, Centre culturel de Douvrin, Douvrin, France
2010
Prémices, à la galerie de l’Ecole des beaux-arts de Versailles, Versailles, France
2006
Gong mei bei, Galerie de l’Université Tsinghua, Beijing, China
RECOMPENSES
2013
Concours Prix Art School, 1er prix en peinture organisé par La société Canson
Concours Parcours d’art contemporain de Carcassonne, 1er prix organisé par la ville de Carcassone
Concours de la peinture, La Tribu 1er Prix. Organisé par le magazine Artension en partenariat avec La tribu des artistes
Concours Masque, 1er Prix en peinture, organisé par le CROUS Université
Extrait de « Portrait d’artiste », Point Contemporain, mars-avril-mai 2022 Par Valérie Toubas et Daniel Guionnet
Représentations d’architectures fuyantes, d’intérieurs baroques désintégrés, d’artefacts comme le miroir, brèches dans l’agencement des apparences, effets de peinture, sont autant d’échappées du réel qui ont amené progressivement Fu Site à une peinture qu’il décrivait déjà lui-même empreinte d’une « ambiance lynchéenne ». Des projections qui donnaient à voir une traversée mais qui, dans le nouveau corpus d’œuvres présenté en janvier 2022 à la Galerie PARIS-B, est devenue plus immédiate au point que chaque toile est déjà elle-même, et dans son entièreté, un au-delà, un théâtre où est peinte, comme le dit Mallarmé, « non la chose mais l’effet qu’elle produit.» Fu Site a ressenti la nécessité après l’exposition Disrupted Narrative (Galerie Paris-B, 2017) de changer sa manière de travailler en s’éloignant d’une conception académique de la peinture, à la fois parce qu’elle ne lui convenait plus et aussi parce qu’elle le limitait dans le ressenti plus émotionnel qu’il voulait donner à ses œuvres. Cet impératif de reconfigurer entièrement sa peinture s’est appuyé sur une interrogation, celle des relations qu’entretiennent dans l’histoire de la peinture et dans son propre travail, figuration et réalité, se demandant si l’une était assujettie à l’autre et dans quelle mesure.
Une scène de fiction, née de l’imaginaire, constituée de fragments assemblés nécessite-t-elle des repères du réel, spatiaux et temporels, pour conserver une cohérence ou pour employer un vocabulaire de peintre : « tenir debout » ? Les premières expérimentations de Fu Site lui ont montré que la figuration était capable d’autonomie, qu’elle pouvait s’affranchir des repères, murs, sols, points de fuite, sur lesquels l’œil cherche à s’appuyer pour évoluer dans un espace, même si le chemin pour arriver à une totale libération est ardu. Ayant longtemps travaillé sur des environnements « échafaudés », il lui a fallu déconstruire et reconstruire, non seulement la toile qui est toujours plus qu’un simple agencement d’éléments, mais le processus de création en lui-même, cette construction mentale qui fait que chaque artiste développe une œuvre qui lui est unique. Il a dû inventer un nouveau langage pictural, débarrassé des pesanteurs du réel et apte, dans sa forme poétique, à accueillir toujours plus de mystère. Une période de recherche et de remise en question de plus d’un an, pendant laquelle il nous dit avoir beaucoup lu et s’être nourri de l’influence de textes philosophiques, de mysticismes orientaux et occidentaux. Des lectures spirituelles qui ont renforcé cette distance avec le réel et ont favorisé une entrée de son travail dans l’abstraction.
En effet, le processus a d’abord commencé par une rupture forte, au plus loin de ce qu’il avait pu jusqu’alors produire, celle de l’expérimentation de motifs totalement abstraits. De nouvelles approches qu’il a expérimentées tant sur la forme que sur la technique. Devant l’impossibilité de se rendre à son atelier en raison du confinement, il a commencé à travailler sur une tablette numérique pour agencer des formes imaginées. Un outil qui lui a offert de nombreuses possibilités, lui permettant de procéder à des découpes, des superpositions, des collages, des effacements ou des fusions d’éléments. Des essais de mises en espaces, d’associations sur lesquels il s’est appuyé pour ouvrir son travail à plus de liberté. Des assemblages s’avérant assez compliqués, parfois bien plus qu’il ne le voudrait si bien qu’à ce stade de ses recherches, il nous avoue avoir eu des difficultés à le reconnaître comme « œuvre », le considèrant avant tout comme une prospection dans l’inconnu, tant sur lui- même que sur sa peinture.
« Le jeu de l’éternel devenir – Sur les dernières peintures de Fu Site », décembre 2021, Par Heinz-Norbert Jocks
Devant ses tableaux extraordinaires, qui ont quelque chose de la fuite hors de la réalité dans l’imaginaire d’un royaume onirique, dans un hémisphère fantastiquement surréel – et n’en frôlant pas moins inconsciemment la réalité –, on a comme l’impression que le peintre Fu Site – né en 1984 dans le Liaoning et vivant aujourd’hui à Paris – laisse l’hallucination guider sa main en un « mentir-vrai » (Louis Aragon) produisant d’étranges phénomènes transitoires à partir de couleurs. Dans la mesure où il commence souvent par poser intuitivement une forme ou par dessiner des fragments déclenchant une réaction en chaîne, voire un véritable flot associatif, y compris émotionnel, c’est le concept surréaliste d’écriture automatique qui décrit le mieux sa méthode. À ceci près qu’il stabilise les possibilités infinies qui s’offrent à lui par le truchement, entre autres, d’un logiciel pour un résultat pictural contemporain sans égal.
Échappant tout à la fois à l’assignation, à l’emprise conceptuelle et à la lisibilité univoque, il oscille aussi allègrement que délicatement entre le figuratif et le non-figuratif, nous mettant dans l’incapacité de sonder clairement l’un comme l’autre. Au point que nous nous demandons involontairement si quelque chose est représenté ou si ce que nous croyons justement reconnaître n’est pas déjà en train de se dissoudre pour devenir autre chose.
La subtilité avec laquelle Fu déploie un jeu aussi joyeux que coloré de formes s’interpénétrant montre à quel point il est proche, comme peintre, du cinéma, et entretient un lien étroit avec le médium de l’image animée en mettant les formes en mouvement et en explorant le processus infini de leur miraculeuse transformation. Le fait qu’il ait lu Friedrich Nietzsche, le philosophe radical faisant l’éloge du devenir permanent et donc de la transcendance de soi, est tout aussi évident que sa proximité obsessionnelle, mieux – sa prédilection pour Francis Bacon, lequel déformait les corps jusqu’à donner l’impression de les voir en pleine transformation. C’est assurément à cet effet de transformation esthétique que Fu s’intéresse lorsqu’il opère une fusion totale du figuratif et de l’abstrait. Celle-ci nous laisse dans l’incertitude quant à ce qui était là en premier : la forme abstraite ou figurative ? L’état étrange de ces créations issues de formes organiques et de compositions fragmentaires, avec quelque chose de fantomatique, symbolise pour le peintre, dans ses propres mots, « la manifestation d’une force potentielle d’incarnation ». Car chez Fu, diplômé de l’université Tsinghua à Pékin en 2006, tout est en perpétuelle évolution. Chez lui, l’immobilité n’existe pas plus que la fin, cette dernière étant synonyme de nouveau départ.
Finalement, il s’agit pour lui d’explorer l’interconnexion de formes d’expression complexes ainsi que les relations entre la couleur, l’espace et le volume, sans oublier l’intrication du dessin et de la peinture.
Tout, dans ces images, lesquelles associent des êtres humains et non humains dans une sphère extraplanétaire d’apesanteur et donnent vie à des relations mystérieuses entre des objets innommables ou nommables qu’à moitié, tout donc semble avoir égale valeur. Point de hiérarchie. Sous nos yeux, des formes à la fois transparentes et opaques, comme faites de verre, semblent danser, se mêler, s’enlacer et se fondre les unes dans les autres pour mieux se séparer. Une forme nébuleuse, encore amorphe, se transforme sous notre regard en une mâchoire d’animal qui pourrait tout aussi bien être un cheval avec queue au galop qu’un monstre sorti d’un univers de science-fiction ; ou encore ce bras humain tendu vers le ciel dépassant d’une forme rouge, sorte de vêtement, nous donnant l’impression d’apercevoir un personnage sans tête. D’autres formes font songer à une aile, nous rappelant les vaines tentatives de vol d’Icare. Et une « femme en noir », la main droite ouverte, se tient debout dans une pièce vide où des formes abstraites volent comme des oiseaux.
La coexistence et le dialogue entre le figuratif et l’abstrait attestent de l’obsession narrative du peintre, fin connaisseur de la mythologie, qui, lorsqu’il prend pour thème le passage entre le nommable et l’innommable, raconte l’évolution et suggère des histoires relevant de l’indicible. Passé maître dans l’art de créer des atmosphères d’irréalité, il active l’inconscient collectif et nous fait imaginairement voyager entre l’image, l’association, l’émotion, la conscience et l’expérience visuelle.