PARIS-B est heureuse d’annoncer la première exposition personnelle « Rosebud » de Laura Garcia Karras à la galerie.
En empruntant le titre de cette exposition au clap de fin de Citizen Kane (1941), Laura Garcia Karras amorce une nouvelle série de peintures.
Rosebud, que nous pouvons traduire par « bouton de rose », déploie douze tableaux à l’huile comme un bouquet d’entités d’apparence florale.
Emblèmes de l’amour, de la pureté, du poète ou de la féminité… La rose semble prisonnière d’étiquettes qui fanent toute tentative d’émancipation. Si Laura Garcia Karras peint cette fleur, ce n’est pas pour son charme symbolique : ses roses s’affirment dans une dualité magnétique. Sonnant comme des menaces envoûtantes sur fonds obscurs, les roses de l’artiste font résonner leur éclosion dans l’éther de la toile.
Chaque bourgeon éclate « en puissance » et en « en acte » (selon le concept d’Aristote) pour défier le regard, s’affirmer face à nous, et renverser les jeux de pouvoirs.
« Le sujet de mon travail ? C’est la peinture, il n’y a pas d’autres sujets. Après, évidemment, je passe par des éléments qui vont m’inspirer. Ils peuvent prendre différentes formes : une musique, une situation, un souvenir, un fantasme, qui passent du réel à l’imaginaire. »
— Laura Garica Karras
Laura Garcia Karras isole chaque zone pour la travailler au plus près, dans un moment de grande concentration. Du bout de son outil, elle caresse lentement la matière huileuse qui ne tolère aucune hésitation, aucun repentir.
Les lambeaux de peinture dévoilent alors leurs fibres, leur chair à vif dans une composition écorchée parfaitement lisse. Jamais les zones de peinture ne se mêlent ; chaque fragment se divise en fractales distinctes. Pourtant, leur union forge une symphonie soudaine, un crescendo presque fatidique, telle une déflagration atomique.
Laura Garcia Karras étire la peinture avec une précision chirurgicale, sculptant la matière au scalpel dans le laboratoire de son atelier. Sur des toiles préalablement esquissées puis enduites au lavis, la palette chromatique s’étend de la lumière à l’obscurité pour être dégradée du soufre clair à l’orangé, en passant par des notes caramélisées et épicées. Aucune trace du pinceau n’est perceptible, seules les découpes des formes avant la mise en couleur permettent d’entrevoir les gestes de l’artiste.
Si les oeuvres de Laura Garcia Karras soulèvent des questionnements tant sur l’acte de peindre que sur la symbolique de la figuration de nos jours, elles interrogent aussi notre manière d’appréhender une peinture qui perturbe les dynamiques de séduction en tendant vers leur abolition.
« Les rayons du soleil ouvrent au scalpel les boutons de rose, tranchent les chairs bombées, pulpes cellulosiques, chirurgie chloroplastique, stupeur botanique. La lumière fouille de ses rayons ardents ces beautés capiteuses aux essences entêtantes.
Les fleurs croient au soleil et le soleil fait croître les fleurs. »
— « Les filles du feu » par Marie-Sarah Adenis
Née en 1988, Laura Garcia Karras a étudié à l’école de La Cambre, de Bruxelles, puis aux Beaux-Arts de Paris, dont elle est sortie diplômée en 2015. En 2018, elle était lauréate du Concours de la Fondation Crédit Agricole et la troisième lauréate du Prix Antoine Marin, parrainée par Bernard Frize. Elle est actuellement résidente à Poush Manifesto à Aubervilliers.