Born in 1983.
Lives and works in Ardèche, France.
EDUCATION
2002-2007 ESAD Strasbourg, class of Manfred Sternjakob & Daniel Schlier
2005 HGB Leipzig, class of Neo Rauch
2007 Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique, option Art
SOLO EXHIBITIONS
2023
Notre corps, PARIS-B, Paris, France
2021
Salut, presented by Guido Romero Pierini, Paris, France
2020
Rester vivante, POCTB, Orléans, France
La vie sur Terre, Église des Trinitaires, Metz, France
2019
Centre d’art Les Églises, Chelles, France
Inévitable Clairière Amie, Galerie Guido Romero Pierini, Paris, France
2017
Créatures, Galerie ALB, Paris, France
2016
Figures de l’amour, Amy Li gallery, Beijing, China
2013
Ripailles, Orangerie du Château de la Louvière, Montluçon, France
2009
Marion Bataillard. Paintings, STYX Projects, Berlin, Germany
CURATED GROUP EXHIBITIONS
2022
Gestalt, Centre d’art ACMCM Perpignan, France
2019
Nous qui désirons sans fin, Galerie Jeune Création, Fondation Fiminco Romainville, France
2018
J’aime, Carte blanche to Marion Bataillard, Galerie Henri Chartier, Lyon, France
GROUP EXHIBITIONS
2024
Le jour des peintres, 80 peintres contemporains de la scène française, curated by Nicolas Gausserand & Thomas Lévy-Lasne, Musée d’Orsay, Paris, France
Plaisanteries, curated by Marius Pons de Vincent, École d’art de Belfort – La Cantine d’art contemporain, France
Chœur, duo with Théodore Melchior, Maison Louis Jardi, Programme suite du Cnap, Mesnil-sur-Oger, France
2023
Immortelle / Vitalité de la jeune peinture figurative française, MO.CO Montpellier, France
Voir en peinture / La jeune figuration en France, Musée des Sables d’Olonne, Musée Estrine & Musée de Dole, France
2022
Une vie a l’Opéra, PARIS-B, Paris, France
Passage II, Albada Jelgersma gallery, Amsterdam, Netherlands
Global Song, Gallery Tang Contemporary, Hong-Kong, China
2021
Envisager, Galerie Telmah, Rouen, France
Les apparences, curated by Thomas Levy-Lasne, Centre d’art ACMCM Perpignan, France
Inspiré.e.s, Centre d’art l’ar[T]senal, Dreux, France
Passages, curated by Mathieu Cherkit, Galerie Jean Brolly, Paris, France
2020
Ut Pictura Poesis, Galerie Guido Romero Pierini, Paris, France
Clichés-peintures, ENSA Limoges, France
Le pouvoir se charge de vous, Galerie Jeune Création, Romainville, France
2019
Exposition automatique : pas de raison, curated by Lou Ros, Paris, France
Un monde, un seul, pour demeure, Château de Biron, Collections des FRAC de Nouvelle-Acquitaine, France
2018
Le coeur des collectionneurs ne cesse jamais de battre – 7 collections privées nantaises, L’atelier, Nantes, France
10th anniversary group show, Amy Li Gallery, Beijing, China
Figurations parisiennes, Galerie T&L, Paris, France
2017
Doloris, Fragile, Nantes, France
3rd Frissiras award of european painting, Frissiras Museum, Athens, Greece
Je ressens la pluie d’une autre planète, Marion Bataillard & Marc Molk, Galerie ALB, Paris, France
2016
SALO IV, Salon du dessin érotique, Les Salaisons, Paris, France
2015
Un grain de toute beauté», Palais de Tokyo, Paris, France
Jeune Création Européenne, Montrouge, France
Exposition d’automne, Institut Bernard Magrez, Bordeaux, France
Dépendances, Crash gallery, Lille, France
60ème Salon de Montrouge, France
Eric de Tarragon / Marion Bataillard, Galerie Duboys, Paris, France
Tableaux, conversations sur la peinture, FRAC Limousin, Limoges, France
2012
Tape Modern N°25, Tape, Berlin, Germany
2011
STYX Projects in temporary showroom, Berlin, Germany
Equipe 1, Galerie K4, Saarbrücken, Germany
2007
Equipe 1, Galerie K4, Saarbrücken, Germany
Awards
2016 First prize Antoine Marin
2015 Grand prize, 60ème salon de Montrouge
GRANTS
2024 Patronage Commission from la Fondation des Artistes
2024 Research grant from l’ADAGP
2023 Video Portrait Grant from l’ADAGP
2022 Support for an artistic project, CNAP
2022 Grant from fondation Elizabeth Greenshields
2022 Grant from fondation Elizabeth Greenshields
2014 Help for creation, DRAC Auvergne
RESIDENCIES
2015 Artists Unlimited, 3 months residency in Bielefeld (Allemagne)
2015 DomaineM, 3 months residency in Cerilly (France)
2014 Chamalot, 1 month residency in Moustier-Ventadour (France)
2013 Shaker, 6 months residency in Montluçon (France)
PUBLIC ACQUISITIONS
2023 Artothèque Limousin, France
2022 Musée d’art Moderne et contemporain des Sables d’Olonne, France
2019 FRAC Limousin, France
2014 FRAC Limousin, France
Marion Bataillard, Notre corps - Discussion avec Nicolas-Xavier Ferrand
Marion Bataillard, Le corps commun - Alain della Negra, 2023
Marion Bataillard, Le corps commun (teaser) - Alain della Negra, 2023
SUITE 2023] Marion Bataillard et Théodore Melchior « DUO#5 : CHOEUR » (La Maison Louis Jardin)
L'Atelier A de Marion Bataillard - ARTE
Les apparences (épisode 15) avec Marion Bataillard - Entretien par Thomas Lévy-Lasne
Studio visit with Marion Bataillard - Olivier Masmonteil
Exposition au Musée d’art moderne et contemporain des Sables d’Olonne
– Inévitable Clairière Amie –
par Henri Guette, critique d’art
Marion Bataillard nous regarde les yeux écarquillés. L’amour du monde, nous dit-elle. Les mains ouvertes, propres à se saisir de tout, elle promène ses pinceaux à la surface des choses. Car c’est d’observation, qu’elle peint. Dans le calme de son atelier, elle fait poser ses modèles. Dans les paysages de Creuse, elle promène son chevalet d’été. Tel un enfant mené par sa curiosité, elle aborde le tableau comme un large champ d’exploration où pourrait se rejouer toute l’histoire de l’art.
Le monde qu’elle nous donne à voir est fait d’éléments quotidiens et de visages – tantôt restitués en toute simplicité, tantôt mis en scène dans des compositions fantasmagoriques. L’angle droit d’une desserte à pinceaux, la fenêtre donnant sur la cour : on y reconnaît ça et là des morceaux de son atelier, répertoire de forme permettant toutes les variations.
Marion Bataillard met en situation les choses qui sont déjà là – à commencer par son propre visage. Elle oriente les angles, dirige les lumières, choisit ses expressions au miroir dans un exercice d’autoportrait aussi spontané que régulier, qui par la répétition apparaît comme un jeu. Avec des gros yeux ou des grimaces, elle force parfois ses traits jusqu’à la caricature, amenant du grotesque dans un univers par ailleurs possiblement tendre.
Dans Joyeuse compagnie, elle convoque son entourage à l’atelier, autour d’une table, pour une Cène aussi prosaïque qu’inattendue. Les expressions et les émotions de ses personnages sont finement travaillées. Le soin qu’elle apporte à certains détails contraste avec des partis pris plus abrupts, des couleurs posées de façon simple, des lignes de force. De plus en plus, elle laisse ses tableaux ouverts, laisse paraître des fantômes et des tâtonnements. L’artiste revendique une peinture sensuelle autant que mentale. Dans ses tableaux très construits à la spatialité composite, elle modèle les formes avec douceur, et nous les donne à sentir dans leurs diversités, dans des tons clairs et veloutés. Une lumière diffuse baigne souvent ses figures.
Jouant de la présence forte du personnage autant que de l’iconographie de la croix, Présence du Mal s’offre sous un titre allégorique. C’est pourtant le jeu avec le modèle qui prend le dessus, ce que l’on perçoit de sa conscience de poser, et la peinture même. Le sens d’un geste, dans ses tableaux, se construit progressivement ; une toile peut délivrer de la pensée au détour d’une sensation. Entre joie et inquiétude sourde, l’artiste est la première à identifier un doux malaise, une inquiétante familiarité qu’elle distille avec humour.
En peignant, Marion Bataillard semble chercher une pleine conscience de soi et du monde qui l’entoure. Les espaces qu’elle représente agissent comme des écrins. L’atelier, le jardin ou des cellules plus abstraites permettent d’insister sur l’intériorité de sa peinture. Au travers de ses cadrages serrés se joue quelque chose de sacré ou méditatif. Autant de portes pour les perceptions, qui nous invitent à nous projeter, et à trouver notre place, dans cette étonnante comédie humaine.
– Marion Bataillard –
par Aurélien Bellanger
Marion Bataillard peint toutes sortes de scènes, dans toutes sortes de formats, mais conserve malgré cela une cohérence remarquable, cohérence stylistique évidente, mais aussi, plus et moins que cela, cohérence de peintre, parti en quête, par-delà la manière et les sujets, de son génie propre.
C’est d’abord un peu insaisissable. Il y a une idée de peintre, un paysage de peintre, mais il est difficile encore de préciser lequel. Ce n’est pas que les tableaux soient l’ombre de leur intention ou trop fragiles techniquement. Il y a une ferveur, immédiatement visible, dans toutes ces images, et une délicatesse presque naïve, toujours agréable, qui n’évoque ni un caprice, ni un empêchement — ou peut-être si, dans les yeux d’un autoportrait, où les bords des yeux, un peu trop tranchants comme chez les primitifs, ressemblent à des incisions, mais la brutalité du passage de la peau à l’élément liquide est racheté par le modelé très réussi des cernes.
Les sujets sont variés, on passe de la composition immense, de la scène d’orgie traitée comme une bataille de Le Brun, mais avec des peaux partout, douces, nues et fermées comme dans un Balthus, à des portraits expressionnistes, dont les angles bizarres tiennent plus à la décadence du mobilier administratif et aux systèmes anti-suicide des ouvertures des fenêtres qu’à une volonté ostentatoire de surprendre — les yeux du modèle sont trop doux pour cela, la composition trop tenue. Marion Bataillard peint aussi, vu de sa fenêtre, un jardinet un peu ingrat, avec ses ombres violettes et ses arbres nus, sa pelouse vert pâle. Un autre tableau, plus petit, isole des pâquerettes, encore fermées et roses qui ne sont pas moins impudiques que les corps renversés et tendus de la grande orgie. Il y a aussi quantité de petites natures mortes, des animaux écorchés, des superbes carottes, des thèmes un peu surréalistes. On trouve aussi ces choses étranges, abstraites et tridimensionnelles qui ressemblent à des modélisations de pièces industrielles ou à des objets mathématiques — ce sont, pour Marion Bataillard, encore des sujets, réfugiés dans la chambre noire du cerveau avant leur intellection complète et leur projection dans le monde extérieur.
Il y a, chez Marion Bataillard, un orgueil de peindre à peu près pur, un orgueil d’arriver à tout peindre. C’est un bel orgueil de peintre. Marion Bataillard a peint un portrait d’elle sur une chute de contreplaqué, portrait de portrait, d’ailleurs, fait d’après un précédent autoportrait, comme si le peintre en elle l’intéressait plus qu’elle-même. La chute de contreplaqué serait une fausse modestie, moins due à la pauvreté du matériau qu’au souvenir qu’il était pris dans un morceau plus grand, qu’il a été détaché d’une composition perdue. Le petit morceau de bois ne désignerait pas tant l’icône et l’idée d’achèvement cérémoniel d’un art redevenu mineur et artisanal que l’exact contraire de cela, un art théâtral, grandiloquent, public et triomphal : celui de la fresque. Et on réalise alors que Marion Bataillard, outre son goût pour les scènes immenses, en utilise les teintes claires et presque délavées, et que la jeunesse de sa peinture, consciemment ou non, regarde plus vers Michel-Ange que vers Balthus.
– Ce que voit la créature –
par Marie Klock
Je suis accroupie à ses pieds. Je la regarde peindre. Elle me regarde. C’est moi qu’elle peint. Qui a commencé à regarder qui ? La peinture de Marion Bataillard invite à s’amuser avec elle. Souvent, c’est un regard direct qui vous provoque, parfois inquisiteur, parfois grimaçant, souvent enjôleur. Elle peint des créatures désirantes, les assujettit à son désir de peintre et nous les rend désirables à travers son regard. Que l’on y jouisse ou que l’on y souffre, nous y prenons part. Les objets aussi invitent au jeu ; loin d’être des accessoires ou de simples éléments de décor d’une scène instantanée, ils participent à l’action et en distendent la temporalité, muent l’anecdote en archétype. En face de moi, une créature est agenouillée, un éventail au cul, parmi des os de poulet et les figurines de trois petits cochons hilares. Ses seins sont comme ceux d’une louve. Faire l’animal, manger l’animal, jouer avec l’animal — elle était modèle, la voilà devenue mythe. Plus loin se débat une femme sans tête, à la fois femme-sujet virevoltant et pensant, en proie aux abstractions de son inconscient, et femme-objet sexuel, femme-statue sans visage.
Marion me parle de la Melancholia de Cranach, de la déprime du Coco Pops et de la robe en résille bleue qui habillera ce modèle-là. Des lignes droites tranchantes zèbrent la toile, ici d’énormes poutres dont les veines luisent à la lumière, là une esquisse de vasistas, maigre espoir d’issue condamné par des lignes de fuite enchevêtrées. « Fais gaffe aux voisins, ne t’approche pas trop de la fenêtre ! » — j’ai oublié un instant que j’avais les seins à l’air.
Marion Bataillard me peint. Que voit-elle ? Je suis une pose inconfortable, une jupe ouverte comme une traîne, des tatouages grossiers, la fatigue d’une nuit sans sommeil, la canicule dans un atelier mansardé, l’amusement de regarder Marion qui me regarde, mais de ne pas la voir, privée de mes lunettes.
D’abord, je ne me reconnais pas. Puis, peu à peu, sur le panneau de bois, je découvre ce qu’elle voit – des contours et des aplats, puis des volumes, le regard que je lui lance, les yeux mi-clos. Un jour, une incursion de couleurs vives, et soudain, l’apparition d’une ouverture, l’idée de mer dans un rectangle aux arêtes aiguës, et puis, le mot, prononcé : Vénus. Me voici devenue troisième personne. Et elle vous regarde.
– SALUT –
par Roméo Agid, Docteur et enseignant-chercheur en Arts / Compositeur
Le travail de Marion Bataillard trouble encore une fois profondément la façon dont l’observateur s’imprègne du contenu. Les corps et les espaces informent des situations qui se déploient sur tout le spectre de la perception. À tel point qu’il devient impossible de raconter ce qui a lieu. Ses œuvres, dont les titres sont de véritables programmes métaphysiques, traitent de la contingence et d’une certaine forme de vernaculaire : une danse collective, une jeune femme qui téléphone dans la rue, une discussion dans un espace clos, une attente, une marche. Mais cet ordinaire apparaissant fonde un mystère. Et dans ces situations diurnes, les compositions ouvrent à une intensité qui flirte avec le mysticisme. Des visages aux expressions discrépantes, impliquées ou non dans l’action. Des espaces dont il est difficile de savoir s’ils sont vides ou chargés d’informations. Des objets résiduels qui échappent à toute forme de symbolisme explicite. Le prisme de références à l’histoire de l’art, avec lesquelles joue visiblement l’artiste, n’est pas là pour faire bloc ni pour stabiliser notre connaissance. Il vient au contraire la mettre en jeu, l’actualiser en sensations.(…)La matière que Marion Bataillard appose est le fruit d’une sensibilité extrême à la lumière : les carnations, les couleurs des espaces, des objets et des corps qui vibrent à distance de toute obscurité. Certaines ombres vont jusqu’à disparaître, ce qui modifie en profondeur les places des éléments dans l’espace et les effets de la gravité. Bien que tout soit éclairé, il y a contraste de couleurs et de textures.Certaines zones des lieux sont traitées picturalement comme s’ils appartenaient à un autre niveau de réalité visuelle : des contours apparaissent, des surfaces changent de propriétés, des zones laissent entrevoir des lignes de constructions. Parfois même il semble que le travail y ait été volontairement interrompu, que le geste du peintre ait été suspendu. Ces renversements compositionnels impactent la façon d’appréhender les œuvres, à un niveau autre que le visuel : il y a une dimension intensément sensuelle dans l’appréciation de ces jeux texturaux.La figuration, cette connexion sensible aux choses matérielles et immatérielles du monde, connaît de nos jours une réaffirmation notoire, profondément transformée par l’usage généralisé des technologies nouvelles de l’image. Marion Bataillard fait partie de ces peintres qui relancent le défi méthodologique du tableau classique, en priorisant le rapport charnel, et donc cognitif, au support, au format, à l’espace, aux corps. Elle construit dans et vers le vivant : le sien et celui qui la circonscrit. L’action du peintre est projective et non médiale, incarnée plutôt que déposée. Quelque chose de physiologique irradie.